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L'histoire indicible de la création de 3 parfums

emerance-betis Par Le 17/12/2014 0

Dans Mots, senteurs et saveurs

Flacons 1

Créations d'Emérance Bétis

Mon Noël 2014 a eu lieu le 16 décembre en laboratoire à l’ISIPCA – École des parfums – proche de l’osmothèque de Versailles lors d’un atelier d’une journée complète sur le thème « Concevoir son parfum ». L’objectif que je poursuivais étant de recréer l’odeur des  Foins Sauvages de 1973 au col des Saisies : un véritable défi ! Dès la fin de matinée, j’identifiai mes matières premières de fond : foin, patchouli et coumarine ; de tête : bergamote et orange ; de cœur : dew fruit.

Durant la pause déjeuner, je fixai l’appellation de mon futur parfum : « Pâtures », évocatrices des prairies alpestres.

Puis l’après-midi, j’entamai une série de 4 pesées à partir de la base pour femme « Floral frais » préparée par Katell Plisson, notre formatrice, ainsi que « Foins absolus » qu’elle pesa spécifiquement pour moi. Me vint ensuite l’idée d’ajouter une note de fond de la famille animale « Castoreum Res » pour évoquer le cuir de selles équestres ou de bottes de motard.  Mais avec  5% de Castoreum,  ma première olfaction m’apparut instantanément nauséabonde !

Pour ma deuxième pesée, je supprimai  le Castoreum et la Coumarine et ajoutai du « Cèdre Texas HE » ainsi que du romarin afin de renforcer la note de tête : belle senteur plus florale et plus fruitée mais non cuirée alors que je revenais sur la touche de ma première pesée, plus représentative de mon brief et dont l’odeur devint plus agréable au fil du temps qui s’écoula.

Pour ma troisième pesée, je repris donc ma première formulation  en abaissant le Castoreum à 1% tout en augmentant légèrement les autres matières à l’exception des Foins que je laissai à 30 % et de la Base, à 10 %. Le résultat m’apparut plus acceptable à la première olfaction mais un peu éloigné des Foins Sauvages.

Vint alors le moment de reproduire notre meilleure pesée pour la mettre en vaporisateur. Malheureusement, il ne me restait plus que 10% de Foins absolus… J’augmentai alors la Base à 23 %, le Patchouli et la Coumarine, passai le Castoreum à 1,5 % et ajoutai du Galaxolide, suggestion de Katell. Beau résultat cuiré évoquant l’équidé mais  demeurant toutefois  éloigné des Foins Sauvages… Sur la route du retour, réflexion avec mon amie sur le nom à donner à cette nouvelle essence : Cabrure.

Arrivée chez moi, je ne résistai pas à mixer mes première et troisième pesées et à laisser reposer le mélange pendant la nuit. Au réveil, une grande joie m’envahit lorsque je humai le bouchon : les Foins Sauvages ressuscitèrent subitement ! Les variations du centre équestre face à la chaîne des Aravis étaient là : fleurs, foins coupés, moisissure, cuir. Le tout se nommera « Insoumise » pour m’être montrée indisciplinée en mélangeant deux pesées, contrairement aux règles de l’art. Après l’insoumission, la jument se cabra (ma dernière pesée se nommera « Cabrure ») avant de se laisser saisir au lasso et de nommer ma deuxième pesée, plus fleurie, « Capture ».

"Pâtures" se sont ainsi transformées et déclinées en : "Insoumise, Cabrure* et Capture" : richesses de la langue française...
* A noter que le mot cabrure n'existe pas mais qu'il sonne bien à l'action qu'il veut traduire !

 

atelier

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