Compagnons d'un jour
Mon avis de lectrice sur quelques livres au gré de mes envies.
Une dernière danse de Victoria Hislop - Ed. Les Escales
Par emerance-betis Le 11/09/2016
Après Chypre et Crète, voici le tour de l’Espagne et mon engouement ne va qu’en s’accroissant !
Sur la forme
La construction est similaire aux oubliés de la Crète : jeune femme anglaise sur le point de quitter son compagnon et allant, sans s’en douter, à la découverte de ses origines, avec une large partie centrale consacrée à celles-ci.
Sur le fond
Alors que je savais les horreurs, je n’ai jamais tant appris sur la guerre d’Espagne et les divisions qu’elle a pu engendrer au sein même des familles ! Le camp de réfugiés établi sur la côte française sud m’a fait penser à l’actuelle jungle du nord de la France, impliquant également l'Europe, 80 ans plus tard !
Les nombreuses descriptions de musique et de danse, notamment flamenca et flamenco nous transportent d’abord dans l’allégresse puis nous font ensuite presque oublier la guerre et le Franchisme. Les atmosphères des rues et des bars de Grenade sont excellemment bien rendues. Mercedes et Javier sont magnifiques.
Encore une danse de Katherine Pancol - Ed. Fayard
Par emerance-betis Le 29/08/2016
J’ai tellement aimé Un homme à distance - je viens de le relire - que je n’ai pas trop hésité devant Encore une danse – écrits tous les 2 autour des années 2000 avec un nombre raisonnable de pages, contrairement aux 2 dernières trilogies de l’auteur.
Sur la forme
Si Un homme à distance est cadencé par un échange épistolaire, Encore une danse porte bien son titre : 1 danse et une seule où tout nous est livré sans aucune pause (pas de chapitres), du coup on va toujours plus loin mais on peut s’y perdre !
Sur le fond
Avec l’évocation dérangeante de pédophilie, de prostitution, de Sida, de coucheries et de tromperies peu avouables, Katherine Pancol nous dresse ici le portrait d’une bande de jeunes à travers les amitiés, les affinités et les jalousies internes. On n’y apprend pas grand-chose !
L'île des oubliés de Victoria Hislop - Ed. Les Escales
Par emerance-betis Le 22/08/2016
Ma dernière lecture de la Ville orpheline du même auteur m’a conduite à celle-ci pour laquelle les critiques étaient meilleures. Effectivement, le romanesque y est bien plus habilement manié, du moins dans les 90% de l’histoire (60 premières années du 20ème siècle). Le personnage de Maria est plus particulièrement attachant. En revanche, j’ai trouvé que les interrogations amoureuses d’Alexis ainsi que son métier d’archéologue sur lesquels reposent le début et la fin du livre ont peu à voir avec son fil conducteur.
J’ai aimé toute la partie qui traite de l’île de Spinalonga, des relations humaines qui s’y développent en autarcie et des informations médicales données sur la lèpre et sur lesquelles je ne m’étais jamais attardée. Ce roman permet de comprendre ce que pouvaient être nos hameaux français encore appelés des maladreries : quartiers de la honte réservés aux lépreux.
La ville orpheline de Victoria Hislop - Ed. Les Escales
Par emerance-betis Le 17/08/2016
L’avis sur ce livre peut être très contrasté suivant l’angle sous lequel on l’aborde.
Sous l’angle romanesque
Avec un début trop long dans l’opulence d’un grand hôtel chypriote, on ne s’attache pas aux personnages tous plus narcissiques et pollués par l’argent les uns que les autres dans un univers de luxe hors de la vraie vie. Puis subitement, peu de temps avant le conflit greco – turc, une liaison s’instaure entre deux protagonistes – concurrents dans les affaires - la femme du propriétaire de l’hôtel, délaissée par son mari et son bras droit, brillant responsable du night-club de l’hôtel-. La narration est sans émotion sur cette liaison qui se trouve vite abrégée par le conflit.
Sous l’angle historique
Si l’on considère l’ancienne station balnéaire de Famagouste (nec plus ultra des années 70 en Méditerranée) et sa population (grecs orthodoxes et turcs musulmans vivant en parfaite harmonie) comme personnage principal, alors l’auteur réussit à nous attendrir sur l’état désastreux dans lequel le conflit conduit la ville à un statut de no’-mans land, malheureusement encore d’actualité en 2016. L’entraide entre les 2 communautés chypriotes est bien rendue, la coupure de l’île en 2 parties et les conséquences de la guerre civile également : pillage, trafic, faim, cruauté des militaires…
Finalement malgré une histoire médiocre, j’ai beaucoup appris sur ce pan d’histoire. Je compatis à la tristesse que l’on peut ressentir devant cette ville située dans un cadre idyllique mais abandonnée et interdite d’accès par l’armée turque.
Celle qui écrivait des poèmes au sommet des montagnes de Nicolas Fougerousse - Jouvence
Par emerance-betis Le 24/07/2016
Attirée par le graphisme de la couverture - page d’écriture incrustée dans la montagne - et par le contenu de la quatrième - suspense autour d’un message déposé sur un pare-brise -, je suis néanmoins déçue.
Sur la forme
Malgré des chapitres courts qui donnent du rythme et quelques schémas qui enrichissent le texte, l’insertion d’évènements à des dates non chronologiques perturbe à plusieurs reprises la compréhension. L'introduction des notes de bas de page avec renvoi sur Youtube ou d'autres livres chez le même éditeur est très dérangeant !
Sur le fond
Ce livre n’a de roman que le nom. Le semblant d’histoire et de personnage principal n’est là que pour assommer le lecteur de recettes de développement personnel oh combien éprouvées, du moins par celui qui s’y intéresse. Le pardon accordé par Sarah à Angelo est tout à son honneur, en revanche quel est l’intérêt de révéler à son fils, Marcus, son intimité de femme et de mère alors que celui-ci n’est pas concerné : sinon de le déstabiliser un peu plus ! Quant à la promesse de poèmes, ils s’avèrent rares.
Je voulais retrouver ma mère de Saroo Brierley - City Editions
Par emerance-betis Le 08/05/2016
Une histoire extraordinaire, un témoignage touchant, un récit de vie humble. De son pays adoptif, l’Australie, Saroo nous emmène aux antipodes : au cœur de l’Inde, son pays d’origine, avec toutes ses contradictions. Pour ceux qui aiment les cartes et la géographie comme moi, les recherches de Saroo sur Google Earth pour retrouver sa famille sont des plus excitantes et sont retransmises comme telles au lecteur. Cette quête minutieuse est captivante. Un petit bémol, le retour de Saroo à Calcutta pour aller jusqu’au bout de sa démarche (dernier chapitre) m’a paru par certains côtés une redite.
Sur la forme : je me suis posée la question de l'absence d'une carte dans le livre mais tout compte fait cette absence m'a incitée à entreprendre un bout de voyage sur internet, tout comme Saroo !
L'appartement oublié de Michelle Gable - Ed. des Falaises
Par emerance-betis Le 09/04/2016
J’ai été fascinée par un article de presse sur la découverte en 2010 d’un appartement, Square La Bruyère à Paris dans le IX ème arrondissement (La nouvelle Athènes). Celui-ci appartenait à une courtisane de la fin du XIXème siècle, qui se faisait appeler Marthe de Florian et dont la petite-fille avait quitté Paris lors de la seconde guerre mondiale, y abandonnant tout le mobilier sans jamais y revenir jusqu’à son décès en 2010.
Le roman de Michelle Gable s’inspire de cet évènement, en alternant l’histoire de cette femme des années 1900 et celle d’une autre femme, April, commissaire-priseur américaine chargée d’évaluer ce patrimoine d’exception.
Sur la forme
L’alternance des 2 histoires est bien cadencée tous les 2 chapitres, chacun de 3 à 5 pages sur un tout de 500 pages ! Le petit livret encarté à la fin de l’ouvrage retraçant la véritable découverte de l’appartement et l’expertise par Marc Ottavi du tableau de Giovanni Boldini est une très belle surprise avec des photos d’époque. Le style est abordable par tous.
Sur le fond
Alors que l’histoire romancée de Marthe et de ses descendants à travers son journal intime m’a tout autant fascinée que l'article de presse préalable à la lecture, l’histoire d’April m’a paru composée de clichés afin d’établir maladroitement un parallèle ou plutôt un lien avec celle de Marthe. Ceci dit, sa découverte personnelle de l’appartement, du mobilier, des lettres, du tableau de Boldini et de tout ce qu’ils véhiculent dans l’imaginaire est savoureuse et pleine de rebondissements absolument inattendus. 500 pages, c’est un peu long mais je garde un bon souvenir de ces instants de lecture.
Les années d'illusion de A.J. Cronin - Editions C.L.M. Bruxelles
Par emerance-betis Le 25/11/2015
Ce livre m’a été offert. Tiré à 3000 exemplaires par l’imprimerie L.F. DE VOS à Anvers, il est le n° 1043 (sans date).
Duncan, poliomyélite et issu d’un milieu modeste écossais a pour ambition de devenir médecin dès son plus jeune âge. Il se bat à la fois contre son infirmité, sa mère et son entourage pour atteindre son but et rien ne l’arrêtera.
J’ai été surprise par cet écrivain anglais dont l’œuvre romanesque s’étale sur un demi-siècle, de 1930 à 1980.
Lui-même médecin en neurologie, il est difficile de faire la part entre la fiction et l’autobiographie. Difficile également pour qui ne connait pas sa nécrologie de déterminer l’époque dans laquelle s’inscrit le roman. On devine que nous sommes aux prémisses de la neurochirurgie qui relève plus ici du miracle effectué par un guérisseur que du plan d’action méthodique d’un médecin, du moins tels que sont narrés les différentes situations rencontrées dans le livre (opération du bras de Duncan qui retrouve toute sa mobilité, recomposition de la colonne vertébrale du Dr Murdoch).
Tout l’intérêt de l’histoire se trouve dans l’intemporalité des personnages :
- Duncan, très ambitieux mais courageux qui finit par revenir à sa vocation première : celle de terrain et de médecin des pauvres
- Anna, grande chirurgienne mais manipulatrice au sens propre comme au sens figuré
- Margaret et Euen, puants de par leur statut social…
Une fin un peu trop fleur bleue à mon goût : ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ! En revanche, des lieux qui m’ont enchantée. Le tout étant sans conteste à resituer dans son époque, cette lecture m’a été agréable.
Cliquez sur l'image pour aller sur le site de l'éditeur (Livre de Poche)
Les brumes du Caire de Rosie Thomas, traduit par Marie-Axelle de La Rochefoucauld
Par emerance-betis Le 09/11/2015
Après le châle de Cachemire, je n’ai pu résister devant les brumes du Caire, la démarche de Rosie Thomas et sa narration alternée entre générations étant la même dans les 2 romans. J’ai toutefois préféré le châle de Cachemire pour lequel j’avais développé une véritable fascination.
J’ai aimé l’histoire d’Iris dans cette ville du Caire, malgré la guerre, mais je m’y sens bien moins attirée aujourd’hui avec cette grisaille et odeur de carburant à travers les déambulations de Ruby, en pleine crise d’adolescence – je n’ai pas trop accroché sur le personnage - et ce, malgré la présence des mythiques pyramides. L’escapade des amants des années 40 dans le désert m’a transportée alors que celle de la grand-mère et de sa petite fille m’a épuisée ! J’aurais aimé en savoir plus sur Iris dans l’exercice de sa profession de médecin. Sa maison au Caire, quant à elle, m’a moins envoutée que le châle de Cachemire.
L’excellente qualité de la traduction de Marie-Axelle de La Rochefoucauld reste d’actualité pour transmettre avec précision la belle écriture de Rosie Thomas dans l’alternance de ses personnages.
Dans la chaleur de l'été de Vanessa Lafaye - Ed. France Loisirs
Par emerance-betis Le 07/10/2015
Qu’attend-t-on pour mieux promouvoir cette fresque !
Sait-on en France, que des centaines de petites îles prolongent la Floride : les Keys ? Sait-on qu’au même titre que l’arc antillais, cet archipel peut subir des ouragans dévastateurs ? Sait-on qu’un bon nombre de soldats de nationalité américaine a été envoyé au front de14-18 en France ? Connait-on ce scandale concernant l’abandon de ces soldats à leur retour dans leur pays par le gouvernement américain ? Sait-on que Katrina en Louisiane n’est pas le premier cas de mauvaise gestion de crise de la part de l’état américain au point de vue de l’anticipation des évènements mais également au point de vue d’une ségrégation primaire, raciale et sociale ?
Pour ma part, je ne savais pas tout cela. Et puis, j’ai retrouvé dans cette histoire ce que pouvait être la vie aux Antilles françaises dans l’entre-deux guerres, je suppose qu’elle ne devait pas être bien éloignée de celle des Keys ! Et la violence de cet ouragan décrite magistralement ! Bravo et merci à Vanessa Lafaye pour ce roman, le premier ! Un écrivain à suivre sans conteste.
Le secret de la manufacture de chausssettes inusables de Annie Barrows - Nil éditions
Par emerance-betis Le 24/09/2015
J’ai aimé le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, ce qui m’a encouragé à lire ce pavé de plus de 600 pages. Malgré une trop grande lenteur dans la progression de l’histoire (à l’instar de la moiteur de cet été 1938), j’ai également aimé ce livre au titre en français non moins farfelu ayant peu de rapport avec l’intrigue. J’ai aimé la singularité des 3 narratrices. J’ai aimé Willa, petite fille espiègle, tantôt marrante, tantôt touchante. Jottie, cruellement atteinte dans sa jeunesse mais maman si dévouée pour ses nièces. Layla, riche citadine qui au fil des jours et de ses écrits - lettres et écriture d'un livre historique - va évoluer et savoir s’imposer dans une vie provinciale. J’ai aimé que ce secret tourne autour de liens indéfectibles de l’enfance et de l’adolescence.
Sur la forme, j’ai pu retrouver par moments mes favoris échanges épistolaires (entre Layla et sa famille). En revanche, je me suis parfois perdue dans le dédale des personnages de cette ville dont l’histoire est peu intéressante (celle de l'époque de la Grande Dépression, l'est plus, via le Federal Writer's Project).
La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel - Ed. Stock
Par emerance-betis Le 22/08/2015
Pas besoin de connaître le pays que quitte Monsieur Linh (Vietnam, Chine ?) ni celui où il se réfugie (France, États-Unis ?) pour ressentir toutes les émotions qu’appellent la guerre, l’immigration, l’isolement, le vieillissement, l’internement ou la filiation…
Malgré l’absence de dialogue (Monsieur Linh ne parle pas la langue de son pays d’accueil), une rédaction au présent et une utilisation tout en finesse de mots simples rendent le récit fort et vivant, les situations et les lieux, bien réels. Lorsque Monsieur Linh câline et protège sa petite fille, j’ai senti l’odeur du bébé et de l’Asie. Lorsqu’il se lie d’amitié avec Monsieur Bark, j’ai inspiré des bouffées de tabac mentholé dans un Occident fade et sans saveur ! La fin est magistrale.
Un homme à distance de Katherine Pancol - Ed. Albin Michel
Par emerance-betis Le 08/08/2015
Après les hypokhâgne et khâgne de Jean-Philippe Blondel qui m’ont émue, me voici revenue à l’épistolaire qui m’a bouleversée !
Je n’aime pas faire les courses d’alimentation ; alors pour égayer un peu ce moment-là, je m’attarde de temps en temps au rayon des livres situé dès l’entrée du supermarché. Dans la partie « Livres de poche » on y trouve quelques petits paquets classés par auteur contemporain. Il y a bien le paquet « Eric-Emmanuel Schmitt » mais je les ai déjà tous lus. Quant au paquet « Katherine Pancol » avec ses crocodiles, ses tortues et ses écureuils, il ne m’a jamais réellement attirée, allez savoir pourquoi, peut-être à cause des titres, du graphisme des couvertures, du nombre de pages prohibitif si la lecture ne me plait pas ? Et puis, il y a ce petit solitaire à 3 francs, 6 sous, tout en haut du présentoir : un livre à distance qui n’attend que moi.
Des lettres, en tout 150 pages, une librairie, des livres : je ne prends pas grand risque ! Et sans le savoir, je me réserve 3 petites heures de pur bonheur qui vont me prendre aux tripes ! Tout commence avec les livres que Kay et Jonathan aiment et dont la liste figure en fin d’ouvrage comme un lexique. Ça continue avec l’authentique métier de libraire et l’investissement qu’il demande à Kay ainsi qu’avec le travail commercial de Jonathan dans l’écriture de guides touristiques. Et ça finit par l’explosion de cette histoire d’amour atypique cachée à travers les lignes. Comment oserais-je dire maintenant que Katherine Pancol ne gagne pas à être lue ?
Un hiver à Paris de Jean-Philippe Blondel - Ed. Buchet-Chastel
Par emerance-betis Le 05/08/2015
Ce livre m’a été offert pour mon anniversaire par mon amie d’enfance sur les conseils d’une de ses amies. Je ne connaissais pas Jean-Philippe Blondel, ce fut pour moi une belle découverte. Tout l’intérêt de ce roman est de montrer qu’après tout un cheminement, l’écriture de Victor à partir de sa région natale s’avère un choix salvateur pour construire sa vie après 2 années de souffrance et de faux semblant passées dans la capitale. Chargée de sentiments, d’imaginaire et de poésie, cette écriture-là (autobiographique, semble-t-il) m’a touchée et m’a transportée presque d’un seul trait dans la démarche littéraire de l’écrivain. Et pour être tout-à-fait honnête, j’ai revu à ce moment-là Romain Duris claquer la porte du ministère de l’Auberge Espagnole pour courir vers son besoin irrépressible d’écrire.
Mais dans le même ordre d’idées – celui de l’enfer des classes de prépa qui peut conduire au suicide - je n’ai pu m’éviter la comparaison avec « N’oubliez pas de vivre », premier roman de Thibaut de Saint Pol - 22 ans en 2004 -, chartripontain de naissance (de Jouars-Pontchartrain). Un hiver à Paris m’a émue, n’oubliez pas de vivre m’a indisposée. Comparaison des 2 livres : classes-prepa.pdf
Entre mes mains le bonheur se faufile d'Agnès Martin-Lugand - Ed. Michel Lafon
Par emerance-betis Le 19/07/2015
Je n’avais pas encore lu du Martin-Lugand. Séduite par les mots comme : faufile, drapés, couture, machine à coudre ou encore de fil en aiguille, je m’imaginais en lisant m’entourer de toutes les ficelles du métier de couturière. Je suis un peu déçue d’avoir pénétré ici le monde subversif de la mode dominé par le faste et l’argent sans qu’il m’entraine sur les ressorts de la couture. J’ai ressenti le même type de frustration à la sortie du film YSL de Jalil Lespert qui insiste bien plus sur les scènes de débauche que sur celles de la créativité du styliste. Je m’abstiendrai de donner un avis sur le 2ème film YSL de Bertrand Bonello, ne l’ayant pas vu !
Pour revenir à Agnès Martin-Lugand, sa lecture est néanmoins aisée.
L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes de Karine Lambert - Ed. Michel Lafon
Par emerance-betis Le 14/07/2015
J’ai découvert avec beaucoup d’enthousiasme en novembre 2014 la BD « Fenêtres sur rue » de Pascal Rabaté. La couverture du livre de Karine Lambert m’a de suite rappelé cette BD qui pénètre dans l’intimité d'appartements.
Le lecteur devient progressivement locataire de l’immeuble parmi les 5 héroïnes du roman et finit par s’inviter au dîner du dimanche soir chez La Reine !
4 passés de femmes à la fois romantiques, douloureux, tristes et drôles et 1 intruse qui remet en question les règles de vie établies dans l’immeuble. 1 chat, seul homme de la maison qui attire toutes les attentions de ces femmes. Une critique sans concession des sites de rencontres virtuels.
Une écriture rythmée et pleine de poésie. Un petit bijou, tant dans l’histoire que dans le style.
Je voyage seule de Samuel Bjork - France Loisirs
Par emerance-betis Le 10/07/2015
Meurtres en série de petites filles en Norvège. Le titre et la couverture sont prometteurs.
Un thriller complexe de par le nombre de protagonistes et simple à la fois de par le mobile. Le suspense est bien entretenu mais la fin est un peu décevante après 600 pages de pérégrinations et de coïncidences un peu faciles.
L’écriture est directe et percutante. Rien d’original dans la forme et la mise en pages.
Par emerance-betis Le 21/06/2015
Plus je lis de romans épistolaires, plus je les apprécie ! J’ai d’autant mieux apprécié celui-ci que la rencontre des 2 héroïnes du livre à travers leur correspondance découle directement de la rencontre des 2 auteures à travers les billets de leur blog ! J’aimerais tellement pouvoir reproduire ce type de schéma dans l’écriture !
Les lettres de Glory et de Rita sont une compilation de sensibilité et de courage : une leçon de vie, en somme ! Le rationnement, la participation à l’effort de guerre en 39-45, l’attente et les doutes, l’angoisse des télégrammes, tout va sceller une amitié indéfectible entre ces 2 femmes de milieux et d’âge différents à des milliers de kilomètres aux États-Unis. C’est beau, on rit, on goûte, on pleure, on continue à vivre malgré l’horrible guerre et j’ai forcément pensé à mes parents …
13, rue Thérèse de Elena Mauli Shapiro - Ed. Michel Lafon
Par emerance-betis Le 05/06/2015
Attirée par les première et quatrième de couverture « épistolaires », ce livre est entré dans ma bibliothèque dès sa sortie en 2012. Ma première lecture ne m’a pas déplue mais ne m’a pas pour autant transcendée ! Puis, ayant besoin de faire un peu de place, 13 rue Thérèse est à nouveau tombé entre mes mains 3 ans plus tard et je l’ai cette fois dévoré.
Est-ce parce que je venais de travailler également à l’aide d’une boîte à souvenirs, celle de mes parents, pour réaliser ma dernière trilogie ? Probablement que les mêmes photos et lettres jaunies ainsi que les mêmes gants crochetés m’ont interpellée. Mais Trévor nous embarque dans un tel dédale de blessures de la guerre de 14-18 et de désir charnel que l’on finit pas ne plus savoir qui est qui : l’inattendu nous saisit à chaque détour d’une écriture belle, poétique et percutante à la fois.
Pour finir, l’insertion dans le texte des objets trouvés dans la boîte est un bonheur !
La mémoire assassine de Simone van der Vlugt - Ed. Presses de la Cité
Par emerance-betis Le 30/05/2015
Ce livre est arrivé entre mes mains un peu par hasard. Pour son premier thriller, elle fait fort !
Un décor de polder à couper le souffle, des trajets à l’aide de la traditionnelle bicyclette ou du tram, des champs de fleurs : nous sommes bien aux Pays-Bas, au Helder, même si la vie citadine de Sabine peut se dérouler dans n’importe quelle métropole. Bien au-delà du fonctionnement de sa mémoire sélective, c’est le harcèlement en milieu scolaire et sur le lieu du travail, avec ses conséquences désastreuses sur la victime, qui est largement abordé ici au travers des personnages. Personnages que l’on soupçonne un à un au fil de la lecture dans la quête de Sabine pour chercher la cause de la disparition de son amie d’enfance jusqu’au dénouement final auquel nous avons bien du mal à croire ! Histoire rondement menée.
Trois secondes de trop de Rachel Joyce - XO. Editions
Par emerance-betis Le 15/04/2015
Par un été de 1972, un jeune garçon, Byron, se jette sur sa mère au volant de sa Jaguar lorsqu'il voit que sa montre recule de 2 secondes. L'accident entraine la décadence progressive de la vie de Diana.
Première remarque : je ne me souvenais pas que l’on ajoute 2 secondes à notre temps régulièrement depuis 1972 et j’ai été ravie de l’apprendre !J’ai tellement aimé le 1er roman de Rachel Joyce que je n’ai pas hésité à tenter le 2ème.
Malgré quelques longueurs, je n’ai pas lâché la lecture, preuve que j’avais très envie de connaître ce qui allait se passer, surtout dans l’alternance entre Byron et Jim. La préservation des apparences, la culpabilité et la névrose sont au cœur des descriptions exceptionnelles que fait Rachel Joyce de la lande et de la société anglaise des années 70. L’amour filial et l’amitié y sont également superbement exprimés. Tous les ressorts du bon roman sont utilisés : mystère, décor, sentiment…
L'instant présent de Guillaume Musso - XO Editions
Par emerance-betis Le 09/04/2015
Pas facile de vivre le moment présent lorsque le temps nous est compté ! Comme d’habitude, on ne lâche pas cette histoire incroyable composée de voyages aller-retour entre conscient et inconscient, entre réel et irréel ! Mais pendant que le cadencement des 4 premières parties frise la perfection, la 5ème arrive d’un bloc avec l’utilisation à mon avis, maladroite, d’une revue de presse. C’est dommage de suivre assidument tous les méandres de cette histoire pour au bout du compte, atteindre une chute dans une réalité dont je ne vois pas comment on peut se relever alors que les 2 personnages principaux, eux, prennent un nouveau départ. En clair, je n’ai pas aimé cette dernière partie. En revanche, j’ai beaucoup aimé le décor du phare, la transmission intergénérationnelle et la revue des faits marquants de ces 25 dernières années avec entre autre, l'explosion technologique. Mais dans le registre écriture surnaturelle de Musso « La fille de papier » reste toutefois bien supérieure.
Au plaisir d'aimer de Janine Boissard - Ed. Flammarion
Par emerance-betis Le 03/04/2015
3 soeurs héritent du château familial à la mort de leur père et se donnent pour objectif de poursuivre son œuvre: celle d’accueillir en ce lieu de jeunes artistes-peintres. Pour sauver le château, elles décident d’ouvrir les portes aux dames bourgeoises de la ville de Poitiers afin que celles-ci posent pour les artistes.
Habituellement fan de Janine Boissard, me voici avec un avis mitigé.
Je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu des difficultés à rentrer dans le livre et notamment à retenir les noms et les traits de caractère des très nombreux personnages, trop peut-être ? D’autant qu’il ne se dégage pas de réel personnage principal à moins que ce ne soit le libertinage qui s’y instaure progressivement ?
Il ne se passe pas grand-chose d’exceptionnel dans ces quelques 300 pages, toutefois bien écrites. L’amour et le sexe, au centre du livre, sont toujours décrits avec beaucoup de délicatesse et de poésie par l’auteur.
Ombres chinoises de Lisa See (suite de Filles de Shangaï) - Ed. Flammarion
Par emerance-betis Le 21/03/2015
Voici ce que j’avais écrit sur le site du réseau Au fil des pages 78 à propos des « Filles de Shangaï » : une histoire d’amour et de rivalité entre 2 sœurs chinoises, d’abord à Shanghaï entre tradition du culte des ancêtres et modernité du quartier occidental, le tout sous l’invasion japonaise, ensuite à Chinatown de Los Angeles entre capitalisme et racisme, le tout sous la menace de l’extradition et la montée du communisme en Asie. Un cocktail détonnant d’oppositions de mœurs et de culture !
« Ombres chinoises » en constitue la suite mais peut être lu sans avoir pris connaissance du 1er volume malgré, à mon avis, la non perception des subtilités qui relient les personnages. Joy, la fille de 19 ans de Perle et de May peut paraître inconsciente de s’enfuir en Chine mais c’est vital après ce qu’elle vient d’apprendre sur ses origines. Et là, le lecteur découvre toute l’horreur et les conséquences humaines désastreuses de l’embrigadement et de la propagande du nouveau régime chinois. Perle part également en Chine pour retrouver sa fille. Le Grand Bond en Avant de Mao est alors décrit de 2 points de vue, celui de la mère en ville et celui de la fille à la campagne. Le père biologique de Joy oscille entre 2 en temps qu’artiste réquisitionné par le régime. Ainsi, le roman sentimental qui unit les personnages fait place au roman historique qui met en exergue l’instinct de survie. Je n’ai jamais tant appris sur l’histoire récente de la Chine !
Elle et Lui de Marc Levy : style léger ? Oui, mais...
Par emerance-betis Le 12/02/2015
J’ai lu tous les livres de Marc Levy ; à l’exception des « Enfants de la liberté ». J’apprécie particulièrement l'auteur pour l’originalité de ses histoires qui me font facilement rêver.
Le début d’Elle & lui m’a toutefois laissé un arrière-goût de déjà lu et vu ; ce pour deux raisons : d’une part l’intervention des personnages principaux du premier livre « Et si c’était vrai ?» et d’autre part l’utilisation en toile de fond d’un site de rencontres. La fin, quant à elle, m’a paru trop précipitée…
Mais le corps de l’histoire m’a offert plein de surprises qui sont loin de m’avoir laissée indifférente : de la promenade sur le toit de l’Opéra à la dénonciation de la dictature coréenne en passant par, et ce ne sont pas des moindres, les états d’âme qu’amène l’écriture, en l’occurrence ceux de l’auteur même.
Ce dernier rend ainsi hommage au métier de traducteur faisant le succès ou pas d’un livre à l’international. Et puis, le lecteur apprendra, sous l’angle de la comédie, la gymnastique qui consiste à écrire une nouvelle histoire à partir d’un vécu déplacé de son contexte réel. Marc Lévy nous dévoile également un de ses secrets d’écrivain : comment parler de soi à travers un personnage. On remarquera aussi, à ce stade de la réflexion que dans ses livres, Marc Lévy aborde, mine de rien, des thèmes sérieux tels que le coma, le mystère de la vie et de la mort, ou ici, la dictature… Bref, sous leurs airs légers tant dans leur contenu que dans leur style, chaque livre devrait interpeller le lecteur sur bien des sujets.
Du point de vue de la mise en page, j’ai apprécié les cadres que l’éditeur a réservés aux SMS.
L'orpheline de Saint-Aubin d'Isabelle Chavy - Ed. Nouvelles Plumes
Par emerance-betis Le 04/01/2015
D'un point de vue historique :
On ressent les blessures laissées par la 1ère guerre mondiale, notamment le nombre insuffisant d’hommes dans le village. En revanche, l’arrivée de la seconde guerre mondiale est à peine effleurée.
D'un point de vue du personnage principal :
Pauline est très attachante. Ecorchée par la vie, elle sait s’adapter et apprécier les petits bonheurs qu’elle saisit au quotidien. Rêveuse et romantique - de par ses lectures – elle passe néanmoins à côté de l’Amour, figée dans son perpétuel espoir de rencontrer le prince charmant.
D'un point de vue des lieux :
Le village et les paysages sont assez bien décrits, les intérieurs un peu moins, notamment l’aménagement que Pauline fera de sa chambre aux Eglantiers. Le passage sur la vie d’étudiante à Dijon m’a un peu étonnée - fréquentation de cafés, tabac, circulation automobile – était-ce vraiment comme cela dans les années 30 ?
D'un point de vue général :
Ce livre est une tranche de vie de l’entre-deux guerres dans la campagne bourguignonne, au sein duquel il ne se passe rien d’extraordinaire mais bien écrit. On se laisse emmener sans difficultés dans cette vie simple et attachante. Une lectrice belge dira qu’il est dans la lignée d’un Pagnol…
L'autre rive du Bosphore de Theresa Révay - Ed. Belfond
Par emerance-betis Le 01/10/2014
De la même trempe que le Châle de Cachemire de Rosie Thomas sur l’Inde, l’autre rive du Bosphore m’a fait découvrir sur un fond romanesque tout un pan de l’histoire de la Turquie du début du XXème siècle que je ne connaissais pas. La lecture commence tranquillement pour s’imprégner des lieux majestueux et des ambiances épicées, s’accélère progressivement avec quelques faits politiques et se termine par une explosion de révolte conduisant à l’indépendance du pays. Istanbul étant à l’époque cosmopolite, les personnages turc, grec, anglais, français, russe et allemand y cohabitent plus ou moins harmonieusement. Mais au-delà de leur différence, c’est la tradition orientale et la modernité occidentale qui s’affrontent ici pour finalement mener son héroïne musulmane vers la liberté mais malheureusement après la perte des êtres qui lui sont les plus chers. Theresa Révay dresse en Leyla un magnifique portrait de femme sensuelle, intelligente et dévouée.
L’ensemble richement documenté se lit bien malgré l'utililisation de quelques mots locaux. Petit conseil : prendre connaissance avant lecture du glossaire situé à la fin, ce qui évitera de s’interrompre notamment en début d’ouvrage !
Aux sources du vent de Frédéric Jeorge - Ed. Nouvelles plumes
Par emerance-betis Le 13/09/2014
Malgré le déroulement inattendu de cette histoire au Vietnam, je suis un peu déçue. Les lieux sont magnifiquement décrits mais souvent de manière trop longue au détriment des subits rebondissements dans l’action. L’incursion du genre fantastique dans le récit à tendance historique m’a plutôt déstabilisé, au point de me demander si la cité décrite existe. Alors que toute la lutte de l’héroïne tourne autour de la sauvegarde d'une concession d'opium, la fin reste floue à ce sujet pendant que l’amour à peine effleuré dans les pages précédentes prend ici toute son importance. L’écriture est belle.
Dans la peau de Meryl Streep de Mia March - Ed. Presses de la Cité
Par emerance-betis Le 22/08/2014
Comme l’auteur de ce livre, j’aime beaucoup l’actrice Meryl Streep, particulièrement dans Out of Africa où elle tient le rôle de Karen Blixen : « J’avais une ferme en Afrique… ». Le titre et la 4ème de couverture de ce livre ne pouvaient alors que m’interpeller, mais je garde néanmoins une impression mitigée de ma lecture.
Mon avis
J’ai aimé l’excitation qui règne à la perspective de chacune des soirées ciné de Lolly. Mais j’ai trouvé que les comparaisons établies par l’auteur entre les situations que rencontrent ses 4 héroïnes et celles jouées par Meryl Streep dans ses différents films sont un peu tirées par les cheveux, voire même parfois inappropriées avec peu de rapport entre elles.
Le Châle de cachemire traduit par Marie-Axelle de La Rochefoucauld
Par emerance-betis Le 20/07/2014
J’ai déjà déposé un article sur Le Châle de cachemire dont je viens de relire les quelques 660 pages pour mieux en apprécier la finesse. Malgré la guerre, les attentats, la pauvreté, ce livre est décidemment une perle ! L’histoire, le rythme, les paysages, les personnages et le style frôlent la perfection. Je me dois de féliciter ici Marie-Axelle de La Rochefoucauld qui a traduit en français toutes ces pages écrites par Rosie Thomas en anglais pour, à travers les mots justes, nous immerger aussi bien au Pays de Galles qu’en Suisse ou en Inde et nous narrer cette incroyable quète d'identité.
Le secret de Diane de Jean-Robert Lépan - Ed. Nouvelles plumes
Par emerance-betis Le 12/07/2014
Ce n’est pas le titre, bien banal, qui m’a attirée dans ce livre mais plutôt son point de départ, très original, constitué de la retranscription de bandes sonores enregistrées. Et... je n’ai pas été déçue car nous sommes ici en présence d’une excellente énigme, presque policière, avec des personnages hauts en couleur. Le suspense est entretenu jusqu’à la fin dans laquelle j’aurais toutefois aimé que l’avenir des 2 protagonistes, Max et Diane, soit envisagé plus clairement.
En ce qui concerne la structure du récit, la judicieuse alternance des bandes sonores et des interludes avec le reste de l’histoire apporte une indéniable dynamique à la lecture. Les différents rapprochements avec des évènements politiques pour rendre le récit plus vivant sont assez bien amenés. Bref, un histoire très bien ficelée.
L'homme qui a oublié sa femme de John O'Farrell - Presses de la cité
Par emerance-betis Le 07/07/2014
Vaughan est victime de fugue dissociative, c'est-à-dire que son cerveau a effacé toutes les données relatives à sa vie personnelle pendant qu’il continue à répondre aux sollicitations extérieures.
Malgré son aspect dramatique, la soudaine amnésie de Vaughan est traitée avec beaucoup d’humour et on rit plus d’une fois pendant la lecture. L’idée de départ, très originale se transforme en moult situations qui ne le sont pas moins ! En revanche, 400 pages autour d’un divorce, c’est un peu trop long… alors que le trouble psychiatrique qui y est décrit est très instructif.
Pour l'amour d'une île de Armelle Guilcher - Ed. Nouvelles plumes
Par emerance-betis Le 04/07/2014
Les différents ingrédients sont là pour vivre pendant la lecture sur une île bretonne, isolée du monde : férocité des tempêtes, difficultés de ravitaillement, commérages et suspicion, solitude, embruns salés et teinture d’iode. Le tout sur fond de dénonciation nationaliste de l’après-guerre etde premiers émois amoureux, Marine reprendra le cabinet de médecin sur son île de naissance mais devra affronter l’hostilité de ses habitants. Les rebondissements sont nombreux à souhait mais la fin est un peu incongrue, à mon goût.
Une autre idée du bonheur de Marc Levy - Ed. Robert Laffont
Par emerance-betis Le 26/06/2014
Comparé à juste titre, au road movie « Thelma & Louise »pour sa cavale à travers les Etats-Unis, je n’ai pu m’empêcher de penser à l’oppression des noirs américains dans « La couleur des sentiments », traitée d’une manière sensiblement différente, sous une forme moins violente.
Si le lecteur cherche ici des descriptions imagées des paysages traversés, il sera probablement déçu. En revanche, il y trouvera à travers les nombreux dialogues entre les 2 protagonistes, les valeurs de la filiation et de la cause défendue qui peuvent conduire à l’abnégation du soi et de la liberté. Les méfaits de la surveillance permise par les nouvelles technologie y sont également mis en exergue.
Comme d’habitude, le style de Marc Levy est direct et sans fioriture mais percutant. Certains lui reprochent d’utiliser toujours les mêmes leviers dans la progression de ses histoires mais encore une fois, je trouve que le thème de ce dernier roman se différencie bien des précédents.
Le carnet de Lili de Annick Kiefer - Ed. Nouvelles plumes
Par emerance-betis Le 21/06/2014
Pour panser nos blessures physiques et/ou morales, rien de tel que de s’engager sur la route de Compostelle. Clémentine souffre de plusieurs maux - dont l’ablation récente d’un sein - qui l’encouragent à entreprendre une partie de ce cheminement en compagnie de sa chienne, Morvane. Mais en tombant sous le charme d’un vieil hôtel abandonné, elles deviendront volontiers sédentaires à Marcilhac. Clémentine y découvre le carnet intime de Lili, ancienne propriétaire des lieux et réalise jour après jour les turpitudes de son auteur pour en établir le lien avec une belle rencontre qu'elle fait au village. Présent de Clémentine et passé de Lili finissent par se rejoindre…
Mon avis
Hormis les nombreux questionnements sur les relations humaines qu'elle suscite, la lecture, qui alterne entre le carnet de Lili et le séjour de Clémentine, donne très envie de se rendre à Marcilhac et de rechercher cet ancien hôtel même s’il est probablement issu de l’imagination de la romancière. L'écriture est belle, dommage qu'il reste quelques fautes de frappe qui ont échappé à la relecture de l'éditeur.
Le châle de cachemire de Rosie Thomas - Ed. Charleston
Par emerance-betis Le 19/06/2014
Attirée par le titre dans un premier temps et par le résumé de 4ème de couverture dans un second temps, je n’ai pas regretté de me plonger dans ce voyage généalogique en Inde et notamment dans les eaux envoutantes du lac de Srinagar.
Alors que la pauvreté et la guerre sont omniprésentes, la lecture du paysage est jubilatoire avec la majesté que cette partie du monde nous impose. Lycéenne, j’étais fascinée par l’étude du Lac de Lamartine et bien que les lieux soient très différents, le lac de Srinagar m’a renvoyé aux mêmes émotions qui unissent l’amour au lac de Lamartine !
L’alternance entre les deux récits de voyage : celui de Mair qui part sur les traces de ses ancêtres et celui de Nerys, sa grand-mère, qui accompagne son mari en Inde, a pour fil conducteur le tissage de l’histoire mystérieuse de ce merveilleux châle de cachemire. Les milliers d’heures consacrées à sa fabrication à partir du duvet y sont admirablement valorisés à travers le vécu des deux jeunes femmes à 60 ans d’intervalle !
Nerys découvrira la frivolité de la colonie britannique dans les années 40 contrastant avec la rigueur de la mission que s’est fixée son époux. De nos jours, l’opiniâtreté de Mair, célibataire, sera mise à rude épreuve pour comprendre le lourd secret que véhicule ce châle et pour se faire surprendre par le sentiment amoureux.
Un livre très bien documenté sur le mode de vie en Inde à l’époque coloniale, riche en émotion et sentiment : à ne fermer sous aucun prétexte avant la fin !
Une bonne épouse indienne de Anne Chérian - Ed. Gallimard
Par emerance-betis Le 24/05/2014
Troublant ce mariage arrangé ! Comment peut-on lorsqu’on est devenu américain et médecin de surcroît accepter un mariage forcé en Inde alors qu’on rejette sa propre culture ? Comment peut-on se marier avec une inconnue sans même être sensible à sa beauté et au risque de la prendre pour une naïve continuer de la tromper sans scrupule avec une blonde américaine ? Il faut posséder toute la finesse d’une indienne pour que Leila affiche cette patience et cette dévotion envers Neel afin de l’amadouer et sauver ainsi son mariage et sa famille.
White de Rosie Thomas - Ed. Robert Laffont
Par emerance-betis Le 09/05/2014
La lecture du « Châle de cachemire » est une merveille sur l’Inde et celle-ci m’a incitée à reprendre dans ma bibliothèque « White » du même auteur. Pour apprécier ce dernier, il faut être fervent de montagne sans toutefois se laisser entraîner dans l’ivresse de l’altitude, dévastatrice du cerveau. Toute la dangerosité d’une passion inconsidérée de grimpeur est expliquée ici dans les conditions climatiques extrêmes sur fond d’amitié et d’amour. La leçon à retenir de cette belle histoire est que la nature reste finalement le grand vainqueur d’une telle expédition : à lire absolument par tous ceux qui souhaitent tenter l’aventure de l’Everest.
Le passeur du temps de Mitch Albom - Ed. Karo
Par emerance-betis Le 16/04/2014
Très bizarre ce roman sur la denrée la plus rare : le temps qui s’écoule inéluctablement et après lequel l’humanité court sans cesse ! A travers le mélange de 3 vies dans un sablier, une de l’ancien temps et deux contemporaines, l’auteur nous fait voyager dans les siècles à l’aide de chapitres courts et percutants tout en nous laissant une impression finale d’inachevé…
Central Park de Guillaume Musso - XO Editions
Par emerance-betis Le 06/04/2014
Guillaume Musso, auteur populaire, est plus connu pour la qualité de ses intrigues que pour ses qualités littéraires, quoique … Amateurs de suspense, vous allez être servis ici. L’évolution de l’intrigue est absolument inattendue et finit par vous fiche la trouille pour cause de plausibilité. Une nouvelle fois, Guillaume Musso nous tient en haleine du premier à l’avant dernier chapitres puis laisse entrevoir une lueur d’espoir bien pâle pour les écorchés de la vie.
La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi de Rachel Joyce - XO Editions
Par emerance-betis Le 08/09/2013
Une missive dans le titre, une boîte à lettre dans la campagne anglaise en image, une randonnée en quatrième de couverture : tous les ingrédients étaient là pour attirer mon attention sur un présentoir de la médiathèque de Frontenac. Et ma foi, je n’ai pas été déçue !
Une lettre brève mais grave. Sur fond d’actualité sociétale : séparation de couple, alcoolisme, cancer, Alzheimer, une marche très longue de mille kilomètres du sud au nord de l’Angleterre à travers villes et campagne. La volonté de fer d’Harold qui s’estime si lâche. Son humilité à toute épreuve face aux médias et aux profiteurs. Son amour si fort pour Maureen après 20 ans de séparation de corps et d’esprit dont leur fils est la cause. Certains pourraient dire que ce premier roman de Rachel Joyce reste superficiel ; moi, je l’ai trouvé plein d’émotions incitant à la réflexion. Après 2 jours, je suis encore dedans.
Quant à la carte de l’Angleterre et du parcours d’Harold située au début du livre, j’y suis revenue maintes fois pour imaginer les lieux au fil de sa marche, parfois pénible, parfois jubilatoire, comme chaque longue randonnée, somme toute… Si un jour, je me rends dans un endroit de ce parcours, c’est avec grand plaisir que je penserai à Harold.