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Lieuse de pages Emérance Bétis

Blog

 

Ce blog est dédié à la lecture et à l'écriture, que ce soit d'un paysage, d'un livre, d'une odeur...

Mon avis de spectatrice

Le liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent

Le 13/02/2016

Cvt le liseur du 6h27 9713 1 Le Liseur du 6h27 relate l'histoire de Guylain Vignolles (on peut aisément deviner les railleries autour du Vilain Guignol), ouvrier d'une usine de pilonnage de livres. Sa fantaisie, dans un quotidien bercé par la solitude et la monotonie, est de lire à voix haute, sur le même strapontin du RER de 6h27, des pages arrachées au hasard des griffes de la broyeuse. Jusqu'à ce qu'il trouve, dans ce même RER, une clé USB contenant un manuscrit qui va changer sa vie.

Le 11 février au Prisme d’Élancourt, « Contes en bande » nous fait une lecture théâtralisée de ce roman au profit d’Élan SEP et en faveur des personnes atteintes de la sclérose en plaques.

Donnée généreusement par 4 femmes et 4 hommes d'une bande amatrice, il s’agit d’une très belle lecture, de plus d’une heure trente, du roman de Jean-Paul Didierlaurent, accompagnée d’une ambiance sonore – bruitages de la broyeuse de livres, du train…. et de déplacements scéniques avec quelques accessoires comme des chaises ou un téléviseur… Il nous est alors nul besoin d’attendre très longtemps pour nous faire happer par cette histoire  matinale d'un banal liseur à travers les voix de 8 autres liseurs pendant cette exceptionnelle soirée.

 

Critique des années d'illusion de A.J. Cronin

Les années d'illusion de A.J. Cronin - Editions C.L.M. Bruxelles

Le 25/11/2015

9782253006169 t 1Ce livre m’a été offert. Tiré à 3000 exemplaires par l’imprimerie L.F. DE VOS à Anvers, il est le n° 1043 (sans date).
Duncan, poliomyélite et issu d’un milieu modeste écossais a pour ambition de devenir médecin dès son plus jeune âge. Il se bat à la fois contre son infirmité, sa mère et son entourage pour atteindre son but et rien ne l’arrêtera.
J’ai été surprise par cet écrivain anglais dont l’œuvre romanesque s’étale sur un demi-siècle, de 1930 à 1980.
Lui-même médecin en neurologie, il est difficile de faire la part entre la fiction et l’autobiographie. Difficile également pour qui ne connait pas sa nécrologie de déterminer l’époque dans laquelle s’inscrit le roman. On devine que nous sommes aux prémisses de la neurochirurgie qui relève plus ici du miracle effectué par un guérisseur que du plan d’action méthodique d’un médecin, du moins tels que sont narrés les différentes situations rencontrées dans le livre (opération du bras de Duncan qui retrouve toute sa mobilité, recomposition de la colonne vertébrale du Dr Murdoch).
Tout l’intérêt de l’histoire se trouve dans l’intemporalité des personnages :
- Duncan, très ambitieux mais courageux qui finit par revenir à sa vocation première : celle de terrain et de médecin des pauvres
- Anna, grande chirurgienne mais manipulatrice au sens propre comme au sens figuré
- Margaret et Euen, puants de par leur statut social…
Une fin un peu trop fleur bleue à mon goût : ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ! En revanche, des lieux qui m’ont enchantée. Le tout étant sans conteste à resituer dans son époque, cette lecture m’a été agréable.


Cliquez sur l'image pour aller sur le site de l'éditeur (Livre de Poche)

Mon avis de lectrice

Les brumes du Caire de Rosie Thomas, traduit par Marie-Axelle de La Rochefoucauld

Le 09/11/2015

Les brumes du caire c1 129x200 1Après le châle de Cachemire, je n’ai pu résister devant les brumes du Caire, la démarche de Rosie Thomas et sa narration alternée entre générations étant la même dans les 2 romans. J’ai toutefois préféré le châle de Cachemire pour lequel j’avais développé une véritable fascination.
J’ai aimé l’histoire d’Iris dans cette ville du Caire, malgré la guerre, mais je m’y sens bien moins attirée aujourd’hui avec cette grisaille et odeur de carburant à travers les déambulations de Ruby, en pleine crise d’adolescence – je n’ai pas trop accroché sur le personnage - et ce, malgré la présence des mythiques pyramides. L’escapade des amants des années 40 dans le désert m’a transportée alors que celle de la grand-mère et de sa petite fille m’a épuisée ! J’aurais aimé en savoir plus sur Iris dans l’exercice de sa profession de médecin. Sa maison au Caire, quant à elle, m’a moins envoutée que le châle de Cachemire.
L’excellente qualité de la traduction de Marie-Axelle de La Rochefoucauld reste d’actualité pour transmettre avec précision la belle écriture de Rosie Thomas dans l’alternance de ses personnages.

 

Critique de Dans la chaleur de l'été de Vanessa Lafaye

Dans la chaleur de l'été de Vanessa Lafaye - Ed. France Loisirs

Le 07/10/2015

Dans la chaleur de l ete 1Qu’attend-t-on pour mieux promouvoir cette fresque !
Sait-on en France, que des centaines de petites îles prolongent la Floride : les Keys ? Sait-on qu’au même titre que l’arc antillais, cet archipel peut subir des ouragans dévastateurs ? Sait-on qu’un bon nombre de soldats de nationalité américaine a été envoyé au front de14-18 en France ? Connait-on ce scandale concernant l’abandon de ces soldats à leur retour dans leur pays par le gouvernement américain  ? Sait-on que Katrina en Louisiane n’est pas le premier cas de mauvaise gestion de crise de la part de l’état américain au point de vue de l’anticipation des évènements mais également au point de vue d’une ségrégation primaire, raciale et sociale ?

Pour ma part, je ne savais pas tout cela. Et puis, j’ai retrouvé dans cette histoire ce que pouvait être la vie aux Antilles françaises dans l’entre-deux guerres, je suppose qu’elle ne devait pas être bien éloignée de celle des Keys ! Et la violence de cet ouragan décrite magistralement ! Bravo et merci à Vanessa Lafaye pour ce roman, le premier ! Un écrivain à suivre sans conteste.

 

Le secret de la manufacture de chausssettes inusables de Annie Barrows - Nil éditions

Le 24/09/2015

Cvt le secret de la manufacture de chaussettes inusabl 1640 1J’ai aimé le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, ce qui m’a encouragé à lire ce pavé de plus de 600 pages. Malgré une trop grande lenteur dans la progression de l’histoire (à l’instar de la moiteur de cet été 1938), j’ai également aimé ce livre au titre en français non moins farfelu ayant peu de rapport avec l’intrigue. J’ai aimé la singularité des 3 narratrices. J’ai aimé Willa, petite fille espiègle, tantôt marrante, tantôt touchante. Jottie, cruellement atteinte dans sa jeunesse mais maman si dévouée pour ses nièces. Layla, riche citadine qui au fil des jours et de ses écrits - lettres et écriture d'un livre historique - va évoluer et savoir s’imposer dans une vie provinciale. J’ai aimé que ce secret tourne autour de liens indéfectibles de l’enfance et de l’adolescence.

Sur la forme, j’ai pu retrouver par moments mes favoris échanges épistolaires (entre Layla et sa famille). En revanche, je me suis parfois perdue dans le dédale des personnages de cette ville dont l’histoire est peu intéressante (celle de l'époque de la Grande Dépression, l'est plus, via le Federal Writer's Project).

 

Critique de La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel

La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel - Ed. Stock

Le 22/08/2015

9782234057746 t 0 1Pas besoin de connaître le pays que quitte Monsieur Linh (Vietnam, Chine ?) ni celui où il se réfugie (France, États-Unis ?) pour ressentir toutes les émotions qu’appellent la guerre, l’immigration, l’isolement, le vieillissement, l’internement ou la filiation…

Malgré l’absence de dialogue (Monsieur Linh ne parle pas la langue de son pays d’accueil), une rédaction au présent et une utilisation tout en finesse de mots simples rendent le récit fort et vivant, les situations et les lieux, bien réels. Lorsque Monsieur Linh câline et protège sa petite fille, j’ai senti l’odeur du bébé et de l’Asie. Lorsqu’il se lie d’amitié avec Monsieur Bark, j’ai inspiré des bouffées de tabac mentholé dans un Occident fade et sans saveur ! La fin est magistrale.

 

Un homme à distance de Katherine Pancol - Ed. Albin Michel

Le 08/08/2015

9782226131379m 1Après les hypokhâgne et  khâgne de Jean-Philippe Blondel qui m’ont émue, me voici revenue à l’épistolaire qui m’a bouleversée !
Je n’aime pas faire les courses d’alimentation ; alors pour égayer un peu ce moment-là, je m’attarde de temps en temps au rayon des livres situé dès l’entrée du supermarché. Dans la partie « Livres de poche » on y trouve quelques petits paquets classés par auteur contemporain.  Il y a bien le paquet « Eric-Emmanuel Schmitt » mais je les ai déjà tous lus. Quant au paquet « Katherine Pancol » avec ses crocodiles, ses tortues et ses écureuils, il ne m’a jamais réellement attirée, allez savoir pourquoi, peut-être à cause des titres, du graphisme des couvertures, du nombre de pages prohibitif si la lecture ne me plait pas ? Et puis, il y a ce petit solitaire à 3 francs, 6 sous, tout en haut du présentoir : un livre à distance qui n’attend que moi.
Des lettres, en tout 150 pages, une librairie, des livres : je ne prends pas grand risque ! Et sans le savoir, je me réserve 3 petites heures de pur bonheur qui vont me prendre aux tripes ! Tout commence avec les livres que Kay et Jonathan aiment et dont la liste figure en fin d’ouvrage comme un lexique. Ça continue avec l’authentique métier de libraire et l’investissement qu’il demande à Kay ainsi qu’avec le travail commercial de Jonathan dans l’écriture de guides touristiques. Et ça finit par l’explosion de cette histoire d’amour atypique cachée à travers les lignes. Comment oserais-je dire maintenant que Katherine Pancol ne gagne pas à être lue ?

Un hiver à Paris de Jean-Philippe Blondel - Ed. Buchet-Chastel

Le 05/08/2015

9782283026946 b7615 1Ce livre m’a été offert pour mon anniversaire par mon amie d’enfance sur les conseils d’une de ses amies. Je ne connaissais pas Jean-Philippe Blondel, ce fut pour moi une belle découverte. Tout l’intérêt de ce roman est de montrer qu’après tout un cheminement, l’écriture de Victor à partir de sa région natale s’avère un choix salvateur pour construire sa vie après 2 années de souffrance et de faux semblant passées dans la capitale. Chargée de sentiments, d’imaginaire et de poésie, cette écriture-là (autobiographique, semble-t-il) m’a touchée et m’a transportée presque d’un seul trait dans la démarche littéraire de l’écrivain. Et pour être tout-à-fait honnête, j’ai revu à ce moment-là Romain Duris claquer la porte du ministère de l’Auberge Espagnole pour courir vers son besoin irrépressible d’écrire.

Mais dans le même ordre d’idées  – celui de l’enfer des classes de prépa qui peut conduire au suicide -  je n’ai pu m’éviter la comparaison avec « N’oubliez pas de vivre », premier roman de Thibaut de Saint Pol - 22 ans en 2004 -, chartripontain de naissance (de Jouars-Pontchartrain). Un hiver à Paris m’a émue, n’oubliez pas de vivre m’a indisposée. Comparaison des 2 livres : classes-prepa.pdf